mardi 18 septembre 2012

Pourquoi je cours ? : application pratique

Pourquoi je cours ? : illustration par l'exemple

 

Courir en montagne

 


L'article Pourquoi je cours ? a été très apprécié et figure en tête des articles les plus lus sur ce blog. Voici donc la suite logique avec un cas concret pour te montrer comment on peut courir différemment avec une pratique plaisir qui respecte le corps tout en étant compétitif.

Je suis Benoît Ligier, co-fondateur de la société YourCoach, et j'ai la chance d'être sportif, et notamment coureur à pied. J'ai connu il y a quelques années une pratique tournée vers la compétition. J'étais Junior/Espoir et il y avait deux choses dans ma vie : l'athlétisme et les études. Je ne pouvais pas envisager ne pas courir, j'en avais besoin. C'était physique, une forme de drogue. Et puis s'arrêter c'était perdre des secondes, voire des minutes ! Impossible. L'environnement, la société nous amenait à faire plus, courir plus vite, s'entraîner plus longtemps. Je ne parle pas de l'entraîneur qui ne nous poussait pas plus que cela. Nous le faisions parfaitement tout seul. La jeunesse aidant, les performances étaient au rendez-vous. A chacun son niveau, le mien était régional, voire peut être national en course de montagne (33'20 au 10km, 1h14'50 au semi-marathon et 3e espoir/27e sénior aux championnats de France de course de montagne 2007). Juste ce qu'il fallait pour jouer la gagne sur quelques courses "de village". L'ambiance était très sympa à l'entraînement avec un bon groupe à l'Athlétisme Calade Val de Saône et nous nous sommes baladés ici et là en portant les couleurs de Spode, puis de Running Conseil. Tu es "tout" quand tu remportes la course nature de L'Arbresle, tu n'es "rien" quand tu finis anonymement tes France de 10km ou tes France de cross, loin des meilleurs... 

On est tous le champion de quelqu'un, et on est tous anonyme pour beaucoup d'autres !


J'ai connu des semaines d'entraînement à plus de 100km de course en montagne. J'ai connu les blessures stupides à une semaine de l'objectif. Par exemple une cheville... Le médecin préconise 3 semaines d'arrêt total, et tu lui souris gentiment en lui disant que tu cours dimanche ! Les blessures plus subtiles également quand personne n'arrive à trouver pourquoi tu as mal ici ou là, par exemple au genou. 

Cela te rappelle des souvenirs ?

J'ai fini cette "carrière" en 2010 au Tour des Fiz 1ere édition. 64km et 5300m de dénivelé. Première expérience sur du "long", une course épique avec des orages qui ont neutralisé la course, sauf 4-5 personnes (dont moi) au milieu de la montagne. Une aventure exceptionnelle qui s'est bien terminée et qui a abouti... à mon arrêt de la course à pied ! Pour faire mieux, plus vite et/ou plus longtemps, je devais faire plus, et l'envie n'était pas là, plus là, pour des entraînements en ville, dans des parcs... Plus d'envie, plus de plaisir, plus de pratique.

Et bien accroche toi ! C'est là que j'ai été sauvé ! Car contrairement à l'idée reçue, je ne suis pas mort sous l'effet du manque. J'ai pratiqué une activité physique plaisir et santé (escalade) et à aucun moment mon ancienne pratique de la course à pied ne m'a manqué... Ah oui par contre j'avais une vie équilibrée avec un côté professionnel sympa, et un côté personnel bien garni aussi. Est-ce lié ? Tout excès étant négatif, l'équilibre même de sa vie, entre le boulot, la famille, et soi est essentiel

Toute cette longue introduction pour que tu comprennes bien le contexte de ce qui va suivre. C'est cette histoire qui a inspiré ma vision du courir plaisir en respectant son corps. Vision que j'applique aujourd'hui sur le terrain puisque j'ai repris la course à pied, et j'ai à nouveau rejoins la Team montagne ACVS pour m'amuser avec eux sur la saison course de montagne. Nous visons le podium du classement par équipe du challenge national de course de montagne. L'objectif de compétition est bien là, mais tu vas voir que ma pratique est bien différente de celle d'avant !

Au détriment de la performance ? Pas si sûr...


J'ai commencé par me poser la question : 

Pourquoi je cours ? Qu'est-ce que j'attends de la pratique de la course à pied ?


Courir c'est le top, une paire de running, un short et c'est parti. Où tu veux quand tu veux, ou presque fonction de tes impératifs professionnels et familiaux. En pleine nature, je m'évade, je laisse filer mes pensées et cela me fait le plus grand bien. Physiquement, cela me permet d'avoir un corps en forme, de me sentir bien pendant, et après l'effort. Un vrai moment pour soi, sans ordinateur, sans téléphone, au milieu de nul part. Une pause. Un moment de partage également entre mon corps et moi, je suis à l'écoute, disponible. J'attends aussi de ma pratique du plaisir. Des plaisirs simples comme de beaux paysages, une belle lumière, des rencontres nature avec un lapin par ci, un faisan par là, de bonnes sensations qui illustrent ma forme, une belle allure, une descente technique bien exécutée, etc...

Je crois que cela résume bien pourquoi je cours, et ce que j'attends de cette pratique. Et j'ai de la chance, c'est aussi ce que m'apporte ma pratique actuellement. 

Mais alors pourquoi refaire de la compétition en course à pied ?


Avant tout pour être avec mes amis et partager des aventures qui sortent de l'ordinaire. 6 week-end dans l'année on va se retrouver, et vivre ensemble une compétition. Après qu'est-ce qui m'amène à aller chercher mes limites sur une course ? Avant, j'aimais être devant, gagner. J'aime toujours gagner mais ce n'est plus réalité depuis que j'ai arrêté. Et pourtant je vais chercher mes limites lors des compétitions. Pour l'équipe, et aider à la réalisation de l'objectif commun. Et ? Je crois que j'apprécie sentir mon corps exploiter son potentiel. J'apprécie piloter mon corps et en tirer le maximum de ses capacités du jour. Je pense que je prends du plaisir à chaque instant d'une course, même si parfois physiquement c'est très dur. Et puis si je reviens aux derniers championnats de France de course de montagne à Gap, dans la descente vers l'arrivée il n'y a plus de plaisir. C'est de la survie. Avant tout pour l'équipe. La ligne rouge a été franchie, les douleurs à la tête me le rappelleront pendant les semaines suivantes ! Oui on tombe très vite du côté obscur de la pratique sportive, au détriment de la santé. Si c'était à refaire ? Hum... elles sont pénibles les questions que je me pose... Si c'était à refaire, connaissant les résultats, je lèverais le pied et respecterais mon corps. Je perdrais alors quelques places (5-6) et cela ne changerait absolument rien à notre classement final. La course aurait pu être tout autre et parfois à une place près on est ou pas sur le podium... Avec du recul il est très clair que la seule réponse possible est de respecter son corps. Pour soi et pour son équipe. Car les conséquences d'une blessure sont bien plus graves pour l'individu et pour l'équipe que 5-6 places de perdues.

Très bien, et comment construire un programme d'entraînement qui tient compte de tout cela ?


Je définis mon entraînement pour qu'il respecte mes envies et mon corps ! Pour moi c'est entraînement plaisir ou rien. Je m'arrange donc pour créer des entraînements plaisir à chaque fois. J'adore courir en nature, sur des terrains variés et vallonnés. Les Monts d'Or constituent un terrain de jeu idéal et pratique. Pour écouter mon corps, m'évader, en profiter, je ne veux pas être gêné par quoi que ce soit. Exit donc la montre, le cardiofréquencemètre, le téléphone, et j'en passe. 2 entraînements par semaine est une fréquence qui me convient très bien pour m'apporter bien être et santé. Parfois j'ai envie d'aller vite. Alors je vais vite. Parfois j'ai envie de prendre le temps, alors je prends le temps... Facile non ? Ah oui je cours plutôt le mercredi matin et le samedi. Mais rien d'imprimé dans le marbre ! Si mercredi matin il fait un temps exécrable, je décale. Et si je n'arrive pas à décaler, tant pis, un plaisir de moins, mais surtout pas un cauchemar en plus ! Bon cela arrive aussi que j'ai envie d'en profiter sous la pluie, c'est beaucoup plus rare... 2 entraînements par semaine c'est aussi parfait pour la performance. Au moins on est sûr de ne pas en faire trop ! Car il n'y a rien de pire qu'en faire trop. Peut-être qu'au printemps je monterai à 3 entraînements pendant quelques semaines. Ce sera le maximum. Pour un équilibre de vie conservé, et un corps en forme au quotidien. 

C'est bien l'entraînement qui s'adapte à mes envies et non pas mes envies, mon plaisir qui s'adaptent à mon entraînement. Il existe mille et une façons de s'entraîner et de progresser. Autant choisir une façon qui nous plait non ?


Ok, c'est super comme conception de l'entraînement en course à pied mais comment je prépare ma saison de compétition ?


Excellente question, et la réponse est simple, exactement que je l'ai dit plus haut. Je ne déroge pas à cette vision puisque c'est celle qui correspond à mes envies, à ce que j'aime, à ce qui me plait. Je regarde ensuite comment tout en conservant ces fondations je peux optimiser mon entraînement. Par exemple là je me suis inscris à la Saintéxpress (44km) qui aura lieu en décembre pour donner du sens à une période plutôt orientée endurance fondamentale (en préparation de la saison course de montagne). Et bien petit à petit je vais augmenter mes temps de footings et tout ira bien ! Je me suis même dit qu'un top 20 serait sympa mais cela n'a aucune importance. Je veux développer le potentiel d'endurance de mon corps pour être plus fort l'année prochaine en montagne, et ce tout en prenant du plaisir à chaque sortie et en respectant mon corps. Tout cela sans baisser mes prétentions pour la saison qui arrive. J'ai envie de réintégrer un top 20 régulièrement sur les courses de montagne, ce qui permettra au Team ACVS d'aller chercher le podium par équipe. Je suis persuadé que plaisir et respect du corps sont les éléments essentiels d'une performance durable. Un arrêt de 2 ans nécessite un certain temps pour retrouver un niveau similaire mais je sais qu'en m'entraînant moins, plaisir et dans le respect de mon corps je serai capable de performances similaires. 

 Le plaisir paie. Le repos paie. Le corps en pleine forme et santé paie ! C'est le chemin vers une performance durable et un équilibre de vie respecté.



Ca y est, j'ai défini ici pourquoi je cours, et ce que j'attends de ma pratique au quotidien à l'entraînement et en compétition. Le chemin d'une pratique plaisir et dans le respect de mon corps est tracé et balisé, il ne me reste plus qu'à le vivre ! Et de temps en temps, faire le point sur la carte pour vérifier que tout va bien, que je suis sur le bon chemin. 

 

A toi de JOUER

et AMUSE-toi bien !

 

Benoît Ligier, YourCoach